Mage’s Tale

Avec une succession de campagnes kickstarter réussies, Brian Fargo et le studio inXile se sont fait remarquer dans le monde du RPG, avec des titres résoluments « old school », offrant un gameplay plutôt réussi avec des combats en tour par tour et des dialogues dans le plus pur style des jeux des années 90.
Si Brian Fargo n’a jamais caché son intérêt pour ce genre de titres, il s’est à de maintes reprises exprimé sur son intérêt personnel, voire sa passion pour la réalité virtuelle.

La combinaison de cet intérêt et de la campagne réussie de Bard’s Tale IV a de ce fait semé le germe d’une idée tout à fait intéressante du point de vue financier pour le studio, mais aussi pour les possesseurs d’Oculus Rift. Quitte à créer des tonnes d’assets, autant se faire subventionner par Oculus afin de développer un jeu de réalité virtuelle en parallèle de Bard’s Tale, tout en utilisant tout le travail effectué sur la modélisation des créatures, du monde, bref, de tous les assets du RPG en construction.

D’une telle idée on pouvait attendre le pire, mais il faut avouer que l’approche de gameplay envisagée par le studio pour Mage’s Tale est plutôt réussie.

Des graphismes plutôt réussis…

D’un scénario plutôt convenu, le titre vous met dans la peau d’un apprenti mage, dont le maître a été enlevé par un sorcier maléfique. Ce sera donc au joueur de s’aventurer au fond des , cryptes, donjons et autres égouts afin d’aller secourir son mentor, en étant accompagné d’un serviteur gobelin du mage qui se montrera pour le moins énervant.

Le jeu gérera les Oculus Touch, avec des déplacements courts en case par case, de nombreux combats et offrira à l’occasion de petites énigmes une foule d’interaction avec le décors.

Déplacements très ergonomiques

Mis à part une vague possibilité de téléportation comme de nombreux jeux en VR, les déplacements seront gérés en case par case via les sticks des Oculus Touch, de manière particulièrement réussie. Ici aucune sensation de nausée, on peut se déplacer physiquement, mais aussi jouer sans se déplacer ou même assis, les sticks permettant de tourner son personnage par quart de tour dans la direction souhaitée. On notera également une excellente gestion de la position de la tête, l’axe de déplacement étant automatiquement adapté en fonction de la direction du regard. Bref, c’est la première fois où un titre réussit à ne pas casser l’immersion avec une téléportation totalement déconnectée des sensations réelles, et où le déplacement « naturel » de son personnage ne génère pas des nausées à côté desquelles les tasses tournantes de Disneyland font office de gentilles berceuses.

Baston !

Assez parlé du côté technique VR, mis à part les graphismes qu’on constatera plutôt réussis, assez cartoon, même si les textures restent en deçà des ténors du genre.

Etant dans la peau d’un apprenti mage, le joueur sera confronté à de nombreux combats, et s’il restera possible d’utiliser une épée ou un marteau de guerre trouvé ci où là, le joueur devra apprendre des sorts, afin de les utiliser dans les combats contre les gobelins. Ces combats, bien entendu en temps réel seront très intuitifs. Le mage pourra choisir l’un des 4 sorts actifs dans son livre de sort, ou se protéger avec un petit bouclier qu’il pourra générer à tout moment. Bref, les combats se déroulent en combinant sorts d’attaque et bouclier de protection, en utilisant parallèlement les déplacements. A cela se rajoutera la possibilité à un stade plus avancé dans le jeu de fabriquer des combinaisons des sorts de base avec certaines options d’effet que l’on pourra trouver dans des orbes disséminées dans les niveaux explorés. On enchaînera donc boule de feu, éclairs, javelots de glace ou encore bourrasques, avec chacun leurs spécificités ou effets, que ce soit de faire des dégâts, de ralentir ou d’immobiliser la cible, …

Après la baston viendra l’énigme…

A ces combats se superposent de l’exploration et des énigmes. Le joueur aura la possibilité d’aller directement à destination, mais de nombreuses pièces seront rencontrées en cours de route, contenant une foule d’énigmes et d’interactions à effectuer avec le décors pour débloquer l’accès à des coffres ou des trésors cachés. Ici ce sera d’utiliser un sort pour obtenir un effet sur un élément du décors (geler une cascade, brûler une corde, …., là ce sera d’utiliser un objet trouvé dans une pièce éloignée ou de manipuler certains leviers ou plaque à pression pour ouvrir d’autres pièces. Ce sera un aspect du jeu que votre serviteur a tout particulièrement apprécié, et on se retrouve dans la philosophie « énigmes » de titres anciens tels que les vieux Bard’s Tale, …ou évoquera même une version quelque peu édulcorée de la série Tomb Raider.

L’atelier (la marmite) de fabrication de sorts…

Lorsqu’on rajoute à un gameplay franchement réussi la possibilité de se téléporter dans son laboratoire pour personnaliser ses sorts, une bande son magnifique, même si elle est en complet décalage avec l’aspect parfois humoristique du titre, on obtient un petit jeu très réussi, bien loin de l’aspect « démo » de nombre de jeux en VR.

Sur les points négatifs, on regrette l’aspect RPG un peu trop « light ». Les montées de niveau ne se traduiront en gros qu’à rajouter quelques points de vie ou de diminuer le temps de recharge des sorts. Du côté de ces derniers, la personnalisation existe mais ils restent somme toute plutôt limités, puisqu’il y en seulement quatre à personnaliser. Autre point négatif, le faible nombre de types d’ennemis. C’est un peu répétitif à ce niveau là.

Bref, The Mage’s Tale est une expérience globalement réussie. On apprécie l’ergonomie, l’absence de « motion sickness », le gameplay, les énigmes, tout en regrettant un côté un peut trop light, trop casual pour les joueurs de jeu de rôle, une durée assez courte (une dizaine d’heures annoncée, un peu plus si vous souhaitez faire toutes les quêtes optionnelles) et un prix plutôt élevé de 39,99 € à sa sortie, ce qui est malheureusement courant pour les jeux en VR.

The Mage’s Tale reste loin d’être parfait, mais reste l’un des tous premiers RPGs dignes de ce nom en VR et valant vraiment le coup d’être joué.

 

Notes

Graphismes & Sons : 4/5
Des graphismes plutôt bons quand on voit ce qui se fait habituellement en VR. Ces derniers n’ont pas les textures et les détails d’un jeu « triple A », mais font bien le boulot. Les musiques, présentes lors des chargements sont somptueuses, mais totalement décalées avec le ton « léger » et parfois burlesque du titre.

Confort et utilisation de la VR : 4/5
Les Touch sont vraiment bien utilisés, les déplacements sont un modèle du genre qui devraient inspirer la concurrence. On constate quelques rares lacunes de programmation sur des interactions avec le décors, mais l’ensemble dépasse tout ce que j’ai vu par ailleurs.

Scénario : 1/5
Bon, on a un méchant qui a capturé notre mentor, faut le retrouver. Pas de dialogues, pas de lore, pas d’embranchement au scénario, pas de quoi casser 3 pattes à un canard.

Jouabilité (fun) : 4/5
Excellent jeu en VR, et même pratiquement l’un des seuls « vrais jeux » en VR qui ne fait pas office de grosse démo. Quelques éléments auraient pu être améliorés, mais on ne va pas bouder notre plaisir.