The Outer Worlds

Test par Sergorn

Après une longue incartade dans le RPG old school via différent projets Kickstarter, on pouvait se demander ce que réserverait l’avenir d’Obsidian et si le studio allait se positionner exclusivement vers le RPG à l’ancienne. Avec l’annonce en grande pompe The Outer Worlds (présenté non pas comme un titre AAA mais simplement un RPG en 3D au budget moyen), on a pu constater que le studio continue à vouloir se diversifier.

Développé par Tim Cain et Leonard Boyarski, créateurs de Fallout mais aussi de l’excellent Arcanum, The Outer Worlds aura très vite donné l’image d’une suite spirituelle de leur titre phare malgré son contexte spatial, en plus de se positionner au moment où beaucoup de joueurs sortaient des déceptions successives de Fallout 4 et Fallout 76 tout en regrettant le New Vegas du studio…

Mais est-ce simplement une vue de l’esprit ?

Space Vegas ?

En effet dès les premières minutes de The Outer Wolds, difficile de ne pas penser aux derniers épisodes de Fallout produits par Bethesda, et notamment à Fallout New Vegas développé par le même Obsidian.

Evidemment la vue à la première personne y fait, mais c’est plus un ressenti global en termes de direction artistique, d’ambiance et d’immersion mais aussi de gameplay que ce soit par son système de combat, ses dialogues, le développement des personnages et même tout simplement son interface.

Le style clairement orienté « SF Retro » n’est pas sans rappeler celui de Fallout (où on aurait envie de dire, le futur qu’aurait pu avoir l’univers de Fallout sans guerre nucléaire) et même si The Outer Worlds utilise l’Unreal Engine 4 plutôt que le moteur GameBryo de Bethesda, il offre un rendu remarquablement similaire… avec il faut reconnaître un côté très daté et des animations fort rigides. En vérité, ce n’est guère beaucoup plus beau que New Vegas malgré ses 10 ans d’âge et il n’y a bien que l’absence de réelle interactivité qui convainc que l’on n’est pas devant le moteur de Bethesda.

Cette impression de Space Vegas se retrouve aussi simplement dans la présentation du titre, avec notamment ces dialogues à choix multiples avec le visage de son interlocuteur en gros plan et où chaque compétence peut avoir son importance.

Le développement de personnage ne fait pas exception non plus : pas de SPECIAL, mais un système relativement similaire avec des points d’expériences, des points de compétences à répartir à chaque niveau et aussi des PERKS obtenus régulièrement offrant des capacités spéciales. Petite originalité sur ce plan néanmoins, l’apparition possible de « Défauts » qui offrira des malus à votre personnage (comme par exemple être sensible aux armes à Plasma) mais contrepartie de Perks supplémentaires.

Niveau combat là encore on sent une forte influence des derniers épisodes de Fallout avec un système de tir à la première personne influencé par ses caractéristiques, mais la possibilité de le ralentir le temps pour effectuer des tirs visés dans un système appelé le « Tactical Time Dilation ». Ça évoque le VATS en mouvement de Fallout 4, mais à la différence de ce dernier, on vise manuellement l’ennemi au lieu de choisir la partie du corps qu’on veut attaquer. Et comme dans Fallout les effets de ces attaques ainsi que la durée ce « temps dilaté » seront influencés par les compétences et les PERKs du personnage.

Du coup les premières impressions de The Outer Worlds laissent bien ce sentiment d’un New Vegas spatial pour le plus grand plaisir des amateurs du dernier Fallout d’Obsidian.

Sauf qu’en vérité passé les premières heures de jeu on se rend compte qu’à défaut de Fallout, le nouveau titre d’Obsidian évoque en vérité plus un autre RPG culte de la dernière décennie : Mass Effect.

Fallout Effect

On ne saurait comparer The Outer Worlds à Mass Effect simplement du fait de son contexte spatial, d’autant qu’on est dans un style d’univers et un contexte totalement différent. Loin de l’univers peuplé d’aliens du jeu de Bioware, dans The Outer Worlds on se retrouve dans le système solaire d’Halcyon colonisé par l’humanité quelques décennies plus tôt et dirigé par des méga corporations plus intéressées à maximiser leurs profit qu’à prendre soin de leur population. Mais l’un des deux vaisseaux coloniaux a mystérieusement disparu au moment de la colonisation au point de devenir une légende, jusqu’à ce que le joueur reprenne conscience à l’intérieur, réveillé par un mystérieux scientifique qui lui donne pour but de découvrir le mystère de cette disparition et les dangers qui se trament au cœur du système.

Loin donc, de la grande fresque épique !

Là où The Outer Worlds va se rapprocher de Mass Effect c’est par contre par son design et sa structure. Passé une première planète qui fait office d’introduction, on obtient ainsi son propre vaisseau nous permettant d’explore le système solaire et d’aller de planète en planète : certaines offrant des zones ouvertes à explorer, d’autres des lieux plus restreints ou tout simplement des colonies. On a donc une structure qui évoque bien plus les jeux Bioware que les jeux Bethesda, d’autant qu’on se retrouvera très vite rejoint par des compagnons avec qui on peut papoter tranquillement à bord de son vaisseau, mais aussi aider à réaliser une quête personnelle.

De ce fait que ceux qui s’attendaient à un gros monde ouvert comme dans les derniers Fallout risquent d’être déçu malgré la liberté évidente dans les zones les plus grandes et l’ordre pour effectuer les missions car ce n’est pas le focus premier du titre. L’exploration n’est pas en reste : les plus gros zones offrent beaucoup de choses à voir et il y a même un côté « gameplay émergeant » où l’on se trouve à deviner ce qui a pu se passer à tel ou tel endroit qui n’est pas déplaisant, mais il s’agit d’un jeu Obsidian et on voit bien que l’aspect le plus important du titre est bein au niveau des choix offerts.

Choix au niveau du gameplay déjà : les possibilités sont nombreuses : on peut s’orienter vers les corps à corps (avec dans ce cas là du combat que ne sont pas évoquer The Elder Scrolls), ou faire un personnage spécialisé au tir à distance qui abattra toute cible au fusil à lunette en ralentissant le temps sans jamais être mis en danger… ou bien faire un personnage qui mettra en avant la discrétion et les compétences de dialogues pour éviter le maximum de combat. Le choix est présent même si pas assez poussé sur certains points notamment au niveau des combats en demi-teinte avec un système qui ne semble pas assez poussé dans ses capacité et l’effet des compétences, rendant son utilité pour le moins discutable sur la durée, quand il est plus facile de tirer dans le tas dans se fatiguer avec toutes les possibilités offertes.

Mais la grande réussite du jeu vient comme souvent chez Obsidian de par la qualité des dialogues et des très nombreux choix qui sont présentés. Comme dans les habitudes du studio, les caractéristiques et les compétences influeront les dialogues, au point de retrouver comme dans les vieux Fallout des dialogues parfois spécifiques pour un personnage « stupide » (le plus drôle étant de le cumuler à des compétences techniques élevées pour des réponses parfois… surprenantes !). Loin d’être anecdotique ces choix auront surtout un réel impact sur le déroulement du scénario, modifiant parfois l’ordre des lieux qui s’ouvriront à vous (et qui peuvent parfois d’ouvrir de diverses façon), et pouvant aller jusqu’à influencer le déroulement final. Le tout va même plus loin que ça car les choix ne résument pas uniquement aux dialogues mais aussi à vos actions : vous avez envie de tuer tout le monde et de ne laisser aucun PNJs que vous croiserez en vie ? Etonnamment c’est possible et les développeurs ont pensé un tas de moyen à continuer à avancer même si vous tuez tout le monde ! Impressionant de bout en bout !

Il reste quelques imperfections néanmoins : on aimerait que les compagnons soient un peu plus développés (on a vite fait le tour des discussions à bord du vaisseau malheureusement, et c’est d’autant plus frustrant que les personnages sont tous très attachants), et devant la quantité de possibilité, on en vient parfois à voire les moments où on aimerait que ce soit plus développé (par exemple la première ville voit les personnages réagir à la tenue du joueur… un aspect très sympathique mais qu’on ne retrouve pas plus tard à d’autres moment qui l’auraient permis)

Mais au final c’est un reproche pour le moins minime à effectuer. Obsdian développe un univers intéressant, et si j’évoquait plus haut qu’on était loin du souffle épique d’un Mass Effect c’est plutôt à voir comme une qualité car on est dans un type d’histoire plutôt rafraîchissant pour le genre. On croise de nombreux personnages intéressants et haut en couleur, et on rit parfois de bon cœur devant les dialogues mais sans voir le titre pour autant sombrer dans la parodie ou l’excès de caricature.

Et quand arrive la séquence finale (qui dans la tradition du studio nous montrera l’impact des choix du joueurs sur les lieux traversés), on n’a que pour envie de retourner voir ce que nous réserve le système Halcyon

New Obsidian ?

Alors que penser de cette nouvelle incartade d’Obsidian dans le RPG 3D ?

Réussite ? Indéniablement malgré les quelques réserves évoquées ci-dessus. Il convient néanmoins sans doute de tempérer ses attentes, selon les appréciations que l’on a des précédents jeux du studio. Difficile en effet de conseiller The Outer Worlds à ceux qui se réjouissaient de voir Obsidian s’orienter vers du RPG Old School : il y a peu de chance que le dernier titre du studio gagne leurs faveurs. Difficile également de le conseiller à qui les mécaniques de jeu des derniers Fallout donnent des boutons : car nous sommes en plein dedans ! Pour les autres ils trouveront un RPG de très bonne facture dans les standards du studio brillant par ses qualités d’écritures et de ses choix, perfectible encore dans sa forme et son gameplay, mais pour un plaisir de chaque instant.

Points Positifs et Négatifs

  • + Direction artistique retro                                – Réalisation technique de dix ans d’âge
  • + Un univers et un scénario très attachants   – Gameplay peu original
  • + Un cast de personnage haut en couleur       – Facile
  • + Un humour qui fait mouche                           – Durée de vie assez courte
  • + Des choix avec un vrai impact
  • + Bonne réjouabilité

Notes

Réalisation : 3/5
Pas de quoi crâner. Il faut bien le reconnaître, The Outer Worlds est daté avec des graphismes de dix ans d’âge et ce n’est pas la rigidité des animations qui sauveront le tout. Mais s’agissant d’un petit jeu indépendant loin du budget ou des ressources d’un AAA, on ne saurait vraiment lui en tenir rigueur, d’autant que l’excellente direction artistique, avec sa SF retro si chère au cœur de ses créateurs, permet de contrebalancer quelque peu les faiblesses techniques.

Combats : 3/5
Clairement inspiré des derniers Fallout et de leur VATS, le système de combat de The Outer Worlds offre une certaine richesse, mais peine à convaincre totalement malgré de nombreuses possibilités : il aurait fallu des compétences plus avancées pour pleinement mettre en avant le potentiel tactique et/ou un gameplay plus nerveux pour ceux voulant se la jouer plus action. On apprécie néanmoins que les niveaux de difficulté offrent une vraie variation au niveau des combats et que le corps à corps reste un domaine viable.

Scénario : 4/5
Avec son univers plein de conglomérat et son message anti corporation, on pouvait craindre que The Outer World ne vire trop à la caricature et à la blague facile pour réellement passionner. Mais si l’humour parfois caustique est bien présent, il ne prend pas le devant sur un univers captivant, des personnages attachants et des choix avec de vrais impacts. On apprécie aussi l’influence des compétences sur les dialogues et les nombreuses possibilités.

Intérêt Global (fun) : 4/5
Un peu trop rapidement adoubé comme la « réponse » d’Obsidian à Fallout, The Outer Worlds s’apparente en fait plus à un mélanger entre un gameplay à la Fallout associé à un design à la Mass Effect. Mais le mélange fait mouche, et si certains points viennent entacher un peu le résultat final, l’exploration du système Halcyon demeure passionnante de bout en bout. Il s’en est donc fallu de peu. The Outer Worlds ne passe pas très loin du grand jeu, mais on sent malheureusement que ses ambitions se sont heurtées a une vision un peu au-delà des moyens d’Obsidian. On ne demande maintenant qu’à voir venir un nouvel opus, avec espérons-le le soutiens financier de Microsoft pour permettre au studio d’atteindre toutes ces ambitions sans compromis.