Assassin’s Creed Origins

La série Assassin’s Creed n’a jamais été qualifiée de RPG, depuis ses débuts en 2007. Jeu d’aventure-action à l’exploration libre et à la consonance furtive, celui-ci a tout d’abord connu un succès certain avec les premiers opus, pour au final occasionner une certaine lassitude chez le joueur en raison de ses mécanismes plutôt répétitifs et des sorties successives trop rapprochées. Le tout était devenu comme la 7ème itération du même plat en sauce : toujours bon, mais un peu bourratif et surtout manquant cruellement de renouvellement à force d’être avalé à intervalle régulier.

Avec cette dernière mouture de la série, Ubisoft a tenté le pari de renouveler le gameplay en lui adjoignant un côté RPG non négligeable, sans pour autant y sacrifier les mécanismes de la série. Le pari pouvait paraître un peu risqué, mais le studio a eu l’intelligence de lorgner du côté de l’un de ses concurrents directs dans le domaine, ayant eu un succès indéniable, The Witcher 3. Le tout était de réussir à marier les deux styles de jeu harmonieusement, sans pour autant tomber dans d’autres travers.

Une création du monde magnifique

Autant le dire tout de suite, le pari a été réussi dans les grandes lignes. Comme toujours, le dernier opus d’Assassin’s Creed vous met dans la peau d’un personnage sur fond historique, et cette fois plonge dans les véritables débuts de la confrérie des Assassins. Après un début pour le moins brouillon qui me laissait entrevoir le pire, j’ai eu l’agréable surprise de découvrir un scénario mature, que je pourrais qualifier d’assez profond. Exit, pour la plus grande partie, les complots et circonvolutions obscures servant de prétexte au meurtre en série par le joueur d’une certaine partie de personnages hauts placés dans le monde. Sans trop spoiler, on parle ici d’un assassin dont les actes sont les fruits directs d’un désir de vengeance suite à la mort d’un enfant. Pas de règle morale douteuse, pas d’actes visant à sauver le monde, mais plutôt l’enchainement de meurtres visant à éliminer les auteurs, puis leurs commanditaires et toutes les personnes tirant les ficelles derrières. A la fois Bayek, notre assassin est un protecteur de l’Egypte destiné à protéger sa population, mais son objectif principal et celui de son épouse sera avant tout de faire payer les auteurs de leur perte. A tout cela se superposent les conséquences de leurs actes, mais aussi le cheminement mental du couple et leur progression allant pour l’un de la pure vengeance et pour l’autre tendant vers un idéal politique, les faisant cheminer physiquement et intellectuellement à la fois en parallèle et vers des raisonnements menant à des solutions plutôt antagonistes.

Une trame scénaristique plutôt réussie

La question ultime demeurera : un couple perdant un enfant est-il à même de surmonter sa perte et de faire front ensemble sans que sa relation soit irrémédiablement détruite par leur deuil.

A ces connotations philosophiques, le gameplay reste dans la norme à la fois de la série Assassin’s Creed, tout en proposant l’ouverture d’exploration et la liberté des quêtes d’un The Witcher 3. Le joueur parcourt le monde, tombe sur des PNJs demandant d’accomplir certaines tâches, et choisit ou non de les accomplir. Ici on constate avec bonheur que les moultes quêtes répétitives et rébarbatives des opus précédents ont disparu. Ce sont de véritables petites histoires qui font leur apparition. Si dans l’ensemble toutefois ces quêtes ne bénéficient pas d’une qualité transcendante, elle sont suffisamment variées pour maintenir l’intérêt du joueur éveillé pour en accomplir un certain nombre. Cela ira de retrouver des personnes perdues, sauver des personnage, en tuer certains, retrouver des chargements, … On retrouve ici certains mécanismes de recherches instaurées par CDProjekt, avec une touche permettant de dévoiler des indices, ou encore grâce à l’aigle de Bayek, permettant de retrouver aisément les objectifs ou de faire quelque exploration par voie aérienne avant de se lancer. Quelques touches de gameplay bien agréables, on trouve ici et là quelques véritables petites énigmes donnant accès à des trésors cachés dans des tombeaux, l’option de participer à des courses de chars, à des combats navaux, éléments parfois implémentés de manière un peu frileuse, mais rafraîchissants dans une licence qui avait auparavant tendance à s’encroûter un peu.

Des combats moins rigides que ceux de la série

Du côté des combats, on apprécie la fin du système rigide des opus précédents. Ici le joueur dispose d’une vaste panoplie d’armes, allant de la lourde masse jusqu’aux épées ou dagues courtes, en passant par différentes sortes d’arcs. On notera aussi un système de progression avec points d’expérience et compétences déblocables, permettant certaines attaques ou actions supplémentaires. Bref, une nouveauté qui est grandement bienvenue eu égard au gameplay vieillissant et rigide des précédents opus.

Une vallée du Nil grouillante de vie

Le tout s’articulera de manière plutôt honnête, avec une trame principale que le joueur pourra accomplir à certains niveaux, et des quêtes secondaires que le joueur devra accomplir de temps en temps afin d’être au niveau pour pouvoir poursuivre la quête principale.

A tout cela s’adjoindra un peu d’artisanat pour améliorer son équipement via la chasse de gibier ou le vol de matériaux, ainsi que l’achat et la vente d’armes et d’équipement récolté au gré des combats et de l’exploration.

Bref, si le jeu ne révolutionnera pas le genre du RPG, en suivant clairement le chemin creusé par CDProjekt, sans toutefois réussir à en atteindre son niveau d’excellence, celui-ci représente sans aucune hésitation une énorme amélioration de la série originale des Assassin’s Creed. Il faut avouer que la mayonnaise prend, et que sans trahir l’essence de ce qui faisait la série quelque chose d’unique, le studio a su renouveler le tout en s’inspirant de la concurrence là où il le fallait.

Un équipement à améliorer au gré des niveaux

Il faut dire qu’on pouvait trouver pire comme source d’inspiration… Les esprits chagrins relèveront qu’au niveau de l’écriture des quêtes secondaires on reste encore en-deçà de la source d’inspiration, ou que la série des Assassin’s Creed donnait moultes informations historiques précises et détaillées jusqu’alors, ce qui n’est pas trop le cas dans ce dernier opus, mais on ne peut constater l’immense travail accompli par le studio pour rendre la vallée du Nil réaliste et grouillante de vie, avec des personnages vivant chacun leur vie au sein de cette magnifique fresque de reconstruction. L’aspect visuel et fantastique, l’ambiance est réussie, et l’histoire principale est prenante et je dirais même surprenante de qualité avec des protagonistes pour la plupart à la psychologie fouillée et cohérente.

Un RPG très honorable, et sans aucun doutes le meilleur Assassin’s Creed.

Notes

Graphismes et sons : 5/5

Interface/système de combat : 4/5

Scénario : 3/5

Jouabilité (fun) : 4/5