Blackguards 2

Note : Nombre d’éléments de Blackguard 2 sont tirés du premier épisode dont vous trouverez ma critique ICI. La lecture de celle-ci est conseillée pour se faire une idée plus précise du jeu.

Blackguards 2Cassia de Tessos est une femme dangereuse.

Ce qui lui vaudra sur ordre de son ex-époux un séjour prolongé dans les geôles de Mengbillah. Avec, pour seule compagnie, des araignées cannibales au venin mortel, et un vieux livre. Mais Cassia finira par s’évader, et mener une croisade absurde et sanguinaire épaulée dans sa fuite en avant par un nain radin et antipathique et un esclave mage beau parleur.

Telle Don Quichote, elle partira renverser les moulins de sa propre folie : son espion est un mendiant, ses tuteurs trois débris séniles, son armée une bande de psychopathes fanatiques.

Autant dire que l’angle « jouez des méchants » limite survendu dans Blackguards 1 a été sévèrement revu à la hausse. Je déconseille d’ailleurs le soft aux plus jeunes car il est relativement explicite graphiquement (écran gore de chargement) et moralement.

Blackguards 2Ici, vous pourrez vous laisser aller au quotidien du dictateur fou : torturer et exécuter des prisonniers pour le fun, laisser vos soudards se livrer à des exactions sur des civils et envoyer les têtes des généraux à vos ennemis.

C’est que Cassia est légèrement dérangée, et qu’elle entraine une milice de déséquilibrés dans sa quête. Un changement d’échelle qui justifiera intelligemment les modifications du gameplay.

La fine équipe de pieds nickelés en cavale de Blackguard premier du nom est devenue une armée en marche, avec une logistique de guerre.

Blackguards 2Exit donc donc les limitations de poids d’équipements, le rationnement de bandages qui vous faisait démarrer des combats blessés ou encore la fuite devant un ennemis plus puissant. Si cette montée en échelle a du bon mais elle s’accompagne d’une plus grande casualisation du titre. Encore une fois, la sempiternelle stratégie de fédérer à droite et à gauche ressemble à une balle tirée dans le pied. Blackguards est un STRPG tour par tour, qui ferait mieux de se rappeler d’où il vient, pour savoir où il va.

Et qui dis casualisation, dit jeux plus facile pour racoler le débutant et « simplification » de l’amélioration des compétences. Il n’est donc plus possible d’augmenter les caractéristiques (qui n’existent d’ailleurs plus), les compétences se déclinent en 4 paliers comme les sorts, et les très –trop ?- généreuses attributions d’expériences vous dispensent de trop réfléchir à l’évolution du personnage. Si vos personnages sont tous attribués, votre héro Cassia sera personnalisable à volonté lors de son long séjour en prison.

Blackguards 2Les combats sont plus faciles et se remportent trop souvent avec une stratégie du rouleau compresseur peu finaude.

Les  nostalgiques de la difficulté plus retorses de Blackguard 1 devraient démarrer le jeu en mode difficile, sous peine de se balader. On retrouvera le mécanisme bien rodé du tour par tour quasiment identique, avec ses leviers, pièges. Du solide, du stable, du sympa. A noter : certaines compétences d’armes sont presque inutiles car le jeu ne vous livre que très peu d’armes de ce type. De vous à moi, ne prenez pas hache à une main, par exemple. Ce n’est pas si ennuyeux, car l’expérience vous permettra d’être versatile.

Lors de vos pérégrinations, vous aurez l’occasion de faire évoluer votre armée dans ses équipements et compétences, et d’acquérir de nouveaux mercenaires spécialisés (ogres, assassins, magicienne) en attaquant des places forces de l’ennemi disséminées sur la carte du monde.

 Régulièrement, vous devrez aussi défendre vos nouvelles acquisitions contre l’armée du tyran en posant des pièges dans des stratégies plus défensives.

Blackguards 2Si la casualisation a légèrement dénaturé l’aspect baston et leveling de BG2, il faut cependant saluer le réel travail d’écriture (je souhaite préciser que je joue en anglais et que je n’ai pas eu l’occasion de tester la localisation).

L’histoire est simple, centrée sur cette femme défigurée qui s’enfonce lentement dans sa folie. Et qui assiste à sa propre déchéance lors de moments de lucidité de plus en plus espacés. Cassia de Tessos est poussée dans une odyssée tragique et sanguinaire avec d’autres fous comme elles. On hésite sans cesse entre la pitié et la haine pour ce personnage.

 La fin (réussie) est d’ailleurs à cette image, avec un parfum de mélancolie aux qualités presque cinématographiques.

Blackguards 2Au total, le soft vous proposera des bons moments pendant une vingtaine d’heure dans une ambiance malsaine mais sympathique autours de sujets matures, et finalement assez profonds. C’est peu, mais c’est aussi signe que l’on a apprécié le jeu malgré sa difficulté faible et son léger moins-disant rôlesque.

Finalement, Blackguard 2 garde les fondamentaux : une narration et un gameplay ultradirigiste, des combats assez stratégiques et une réalisation soignée.

Bref si comme moi vous avez aimé le premier foncez. Si vous êtes attaché à un monde ouvert, du roleplay poussé et à des combats en temps réel par contre……

Blackguards 2 / Daedalic Entertainment / 2015

Notes

Graphismes & sons : 4/5
Des ambiances sombres, des cartes jolies et des villes figées mais belles

Interface de combat : 5/5
Très classique mais solide

Scénario : 3,5/5
Toujours trop linéaire et l’histoire est basique. C’est la façon dont elle est racontée et le personnage principal méchant mais attachant qui font la saveur du jeu. A noter : c’est assez violent.

Jouabilité (fun) : 3/5
Trop facile par rapport au premier opus, on apprécie cependant de gérer en tandem la milice et les héros.