Risen 2

Piranha Bytes fait maintenant partie des « anciens » studios produisant des jeux de rôles. Ceux-ci ont d’abord créé la surprise avec le premier jeu Gothic, qui était défini par certains comme ce qu’aurait dû être Ultima 9. Avec Gothic 2, ceux-ci ont réalisé un tour de force en faisant de leur second opus un titre encore plus complexe et intéressant. C’est avec Gothic 3 que les choses ont mal tourné, avec un jeu très (trop ?) vaste, un scénario diaphane et un système de combat devenu un martelage de bouton de souris décérébré. Parallèlement à la perte de la licence au profit de Jowood pour l’opus Gothic 4 (qui a subit un sévère échec commercial), Piranha Bytes a lancé une autre série avec Risen. Si celui-ci rappelait fortement la licence originale, il gardait d’indéniables qualités qui laissait présager un avenir radieux pour les suites.

Alors même que la licence Gothic retourne dans le giron de Piranha Bytes, la sortie de Risen 2 marque une évolution de cette série vers un RPG orienté piraterie. Dans le premier opus, clairement orienté médiéval fantastique, le joueur s’est frotté aux titans, et cet suite reprend l’histoire originale, mais se focalise sur le coté « pirate » du monde.

Les bandes-annonces laissaient présager le pire, et le début du jeu fait un peu peur. Les textures sont baveuses, les scènes de narration et de dialogues sont moches et les combats rébarbatifs… Fort heureusement la suite rehausse nettement le ton.

Si les visuels sont loin de la production récente, il est des endroits de toute beauté où le savoir faire de ce studio en « world design » a été mis à contribution. L’exploration de la forêt vierge avec les cascades et rapides, l’ambiance de certains souterrains, et nombre de scènes seront bien dans l’ambiance du jeu. On regrettera un peu certains choix, tels qu’un clipping / brouillard qui limite le champ de vision à quelques dizaines de mètres et faisant apparaître la végétation au loin comme si elle poussait brusquement lorsque l’on s’approche, les animations assez primaires des personnages. Bref, le titre souffle à ce niveau le chaud et le froid. On admire un soleil couchant sous les palmiers, tout en maudissant celui qui a animé le personnage. Quelque part, on a l’impression d’être revenu en arrière de quelques années au niveau du moteur de jeu avec de temps en temps des séquences où on se surprend à se dire que c’est quand même bien joli.

Au niveau des combats, bilan très mitigé. Les actions se déroulent en temps réel, un bouton de la souris servant pour l’attaque, l’autre pour la défense, et une touche du clavier pour l’utilisation de coups spéciaux ou d’armes à feu. Si le jeu s’est relativement éloigné du martelage décérébré de souris qu’on reprochait à Gothic 3, et qu’il se rapproche de Risen, c’est plus grâce à l’adjonction de l’utilisation du fameux coup spécial / arme à feu qu’on peut utiliser, même si la recharge de celle-ci reste lente. On apprécie l’implémentation de coups tordus digne des pirates (jeter du sable dans les yeux, lancer de noix de coco, …), mais on regrette que la compétence « lames » est une option peu viable face aux armes à feu ou aux coups spéciaux, et il est malheureux que le joueur choisissant cette voie le découvre son peu d’intérêt que bien plus tard dans le jeu.

Au final, les combats resteront assez rapides, et la parade difficile. Le premier patch mis en ligne a été pour implémenter une possibilité de roulade afin de pouvoir éviter les coups adverses, et ce souci de relative simplification est lourd de signification. On notera une gestion assez réussite du gamepad, le jeu semble prêt à ce niveau pour un futur portage.

Au final le système de combat est bancal, peu intéressant et globalement mal équilibré, le jeu étant trop corsé en niveau normal pour l’utilisateur de lames, et rapidement trop facile pour l’utilisateur d’armes à feu.

Au niveau des compétences, Risen 2 reprend un système de compétence grossièrement similaire aux précédents jeux de Piranha Bytes, tout en modifiant le titre et la fonction de celles-ci. Il existe cinq compétences : lames, arme à feu, résistance, ruse et vaudou. A chaque niveau, le joueur pourra attribuer des points d’expérience afin de progresser dans ces compétences et de faire progresser les talents qui en découlent.  Ces talents, qui pourront être également améliorés par des pièces d’équipement détermineront également ce que vous pourrez apprendre moyennant finance chez les personnages du jeu.  Comme je l’ai dit précédemment, il est un peu  regrettable de ne pas profiter de la plupart des nombreuses compétences du jeu, le joueur devant focaliser sa progression aux compétences les plus martiales pour avoir une chance de survie.

On appréciera par ailleurs l’abandon de la magie, au profit des malédictions vaudou, du culte des morts et autres joyeusetés.

Au niveau du monde, on voit qu’on est bien dans un monde créé par la même équipe. Le monde est assez orienté simulation, avec la possibilité de faire cuire sa viande, d’extraire son minerai à condition d’avoir une pioche, la possibilité de fabriquer son épée, les griffes à récupérer en ayant une scie à os, … Pareillement, le choix du joueur de privilégier l’une ou l’autre des factions du jeu aura des conséquences sur la site de l’histoire. Bref ce qui a fait de Gothic son succès est bien là.

Le scénario quant à lui, si on ne relève pas les incohérences du monde par rapport au premier opus, est correct, et l’intérêt monte crescendo au fur et à mesure de l’avancée de l’histoire. Il faut pourtant s’accrocher. Entre la laideur du jeu au début, les combats inintéressants par manque de compétence et par là même de variété de coups, les scènes de coupe ratées, les bugs, le joueur a bien du mal à s’immerger. Quelque part, Risen 2 est un jeu qui va donner un grand plaisir de jeu à celui qui s’accroche et persiste, …mais pas pour les bonnes raisons. Accepter de se faire botter le cul par des monstres impitoyables en raison d’un personnage trop faible, d’accord, mais devoir persister alors que l’ennui nous guette lors de missions basiques alors que votre personnage manie son épée comme un balais-chiotte, c’est dur. Heureusement, le niveau se relève ensuite, mais il faudra tout de même y passer près d’un tiers du jeu avant d’obtenir une légitime satisfaction.

Alors que la concurrence a évolué, il serait temps que Piranha Bytes retrousse ses manches et fasse évoluer son héros sans nom, ainsi que le moteur de jeu dans lequel il évolue. Utiliser les mêmes recettes éprouvées depuis une dizaine d’années finit honnêtement par lasser, d’autant plus que c’est surtout un public de joueurs confirmés qui est visé par ce titre.

Risen 2 est en aucun cas un jeu à conseiller à des débutants dans le monde du jeu de rôle. Le rôliste confirmé y trouvera un certain plaisir s’il n’est pas lassé par le style.

On apprécie le renouveau de pouvoir jouer dans le monde des pirates, même si celui-ci fait l’impasse sur le combat naval. En outre, les dialogues biens sentis, les chasses aux cartes aux trésors, l’exploration de la jungle fera opérer le charme.

Pourtant, au vu d’autres jeux récents du marché, Risen 2 fait un peu « pauvre », d’autant plus qu’il offre une durée de vie relativement réduite (30 heures environ), que ses prédécesseurs étaient bien plus longs et que pour profiter d’un jeu « complet » il faudra bourse délier afin d’obtenir les deux DLCs disponibles à sa sortie, ainsi que le Temple de l’Air. A noter que ce dernier annonce une durée annoncée de 8 heures de jeu (en réalité bien moins).

Bref, Risen 2 est un jeu de rôle décent, destiné au joueur confirmé, mais, par l’absence d’évolution majeure par rapport aux précédents jeux de Piranha Bytes, reste en deçà de l’excellence à laquelle ils nous avaient habitués. Le changement vers le monde de la piraterie est un plus indéniable, mais cela suffira-t-il ?

 

Risen 2 / Piranha Bytes / 2012

Notes

Graphismes / sons : 3/5

Interface de combat : 2/5

Scénario : 3/5

Jouabilité (Fun) : 3/5