Elder Scrolls V – Skyrim

Très attendu par les rôlistes micro, Elder Scrolls V : Skyrim fait suite à une série commencée dans les années 1994, se caractérisant dès ses débuts à la fois par des déplacements en 3D avec des combats orientés action, et par un monde ouvert immense, avec moultes quêtes annexes.

Fidèle à ce cahier des charges, Elder Scrolls V : Skyrim est de plus de toute beauté. Si le coté technique reste un peu en retrait, notamment avec quelques textures parfois décevantes par rapport aux critères actuels, le coté artistique et la modélisation de ce monde reste très impressionnante. Skyrim est la partie la plus au nord du monde du monde des Elder Scrolls, et si la contrée reste très montagneuse et souvent neigeuse, les designers s’en sont donné à coeur joie pour essayer de varier autant que possible les décors rencontrés. Cela se ressent à la fois dans les paysages où les hautes montagnes sont balayées par des blizzards neigeux du plus bel effet (je me suis surpris à frissonner devant certains visuels), tout comme au fond de vallées encaissées où les forêts de conifères bordent des rivières poissonneuses. Enfin, les nombreux donjons disséminés dans Bordeciel sont variés, et présentent chacun un véritable cachet spécifique à leur origine. Si quelques pièces se répètent parfois, on est loin des donjons visiblement générés automatiquement des précédents opus.

Une fois de plus, Bethesda propose un monde « bac à sable » où le maître mot est « liberté ». De nombreux éléments de la vie quotidienne sont modélisés et peuvent être ramassés, les personnes vaquent à leurs activités en fonction des heures du jour et de la nuit, les animaux sauvages attaquent les villageois à proximité, bref, tout ce petit monde vit sa vie, et si des lacunes se font voir dans l’intelligence artificielle gérant interactions entre les personnages, le résultat est toutefois saisissant et l’immersion presque totale. De même pour le joueur, de nombreuses activités d’artisanat seront possible, tels que l’alchimie en mélangeant les éléments disponibles à la cueillette, tout comme la forge, le travail du cuir, l’enchantement d’armes ou encore la cuisine. On salue bien bas l’éditeur de proposer encore en 2011 un monde aussi ouvert et complexe, contrairement à la tendance actuelle de réduire à sa plus simple expression la représentation du monde.

Sur un fond de guerre civile latente suite à la mort du Haut Roi de Bordeciel, le joueur incarne un fils des dragons, un homme ayant le pouvoir de capturer l’âme des dragons afin de se servir de leur pouvoir magique « le cri ». Il sera amené à accomplir toute une série de quête variées afin de maîtriser ce pouvoir et de découvrir ce qui est derrière le retour des dragons dans le monde. Si le fil scénaristique principal reste d’une durée relativement raisonnable, les très nombreuses quêtes annexes, ouvrant de véritables petits scénarios annexes à l’histoire principale, sont particulièrement soignées (même si l’écriture est en deçà de celle de Bioware/Obsidian). Nombreux seront ceux qui, voulant se rendre dans une ville éloignée pour un objectif précis, se demanderont pourquoi ils s’y sont rendus, après s’être égaré et quelques heures, voire dizaines d’heures de jeu plus tard. Il est très difficile de ne pas s’égarer en chemin pour explorer des ruines, accomplir des séries de quêtes trouvées à destination auprès des habitants, des factions (Impériaux ou Sombrages), des guildes (assassins, voleurs, guerriers, ..) ou encore de certaines créatures souffrant de malédictions dont vous pourrez être également atteints (loups-garous, vampires).

Bref, un jeu d’une richesse assez incroyable, même si le scénario principal et le monde reste bien plus générique qu’un jeu tel que The Witcher 2.

Tout n’est cependant pas rose (ou plutôt tout blanc) en Bordeciel. C’est plus du coté de l’interface de jeu sur PC et des combats qu’on a tendance à grincer des dents. Les combats ne sont pas inintéressants, les archers s’en donneront à coeur joie de s’approcher furtivement de leur cible pour décocher leurs traits mortels sur les adversaires surpris, la magie donnera aussi certaines satisfactions, mais globalement les combats, en l’absence de localisation des coups ou d’une gestion vraiment avancée des coups restent très approximatifs.

Beaucoup plus gênant est la gestion de l’interface proprement dite. Une fois de plus depuis les dernières productions dans le jeu vidéo PC, le jeu a été conçu à la base pour être joué à la manette Xbox, ce qui est une aberration totale. Non seulement l’interface est laide, mais en plus les touches prédéterminées ne correspondent pas au standard habituel.

Au niveau des bugs d’interface, le changement des touches occasionne des bugs certains dans la détermination des raccourcis du jeu et la gestion de la souris dans l’interface fonctionne à moitié. Un clic de souris sur un élément ne le sélectionnera pas automatiquement, et mieux vaudra se déplacer dans l’inventaire avec les touches du clavier, un clic de souris menant souvent à la sélection d’un mauvais élément. Une situation un peu honteuse, et un portage visiblement fait par dessus la jambe.

Fort heureusement Bethesda semble conscient de ces problèmes et un patch serait en route pour corriger de nombreux problèmes, notamment au niveau de l’interface. On verra bien…

La gestion du personnage et son évolution, quant à eux, ont été plutôt simplifiés. Si le principe de base d’une évolution basée sur l’utilisation des compétences a été conservée, leur nombre a été quelque peu réduit  (18) par rapport aux précédents opus, et les montées de niveau en découlant ne permettront que de monter l’une des trois caractéristiques du personnage : magie, vitalité, vigueur. C’est un peu maigre comme caractéristiques, mais pour ma part, les compétences proposées ont suffit à satisfaire mes souhaits de personnalisation et de gestion du personnage.

Au final, que dire d’Elder Scrolls V : Skyrim ? Il s’agit d’un excellent jeu de rôle offrant un monde immense, riche, vivant et passionnant, avec en plus une durée de vie très impressionnante (plus d’une centaine d’heures). Le scénario principal et les nombreuses quêtes bien scénarisées en font une petite merveille, digne des plus grands classiques du jeu de rôle. On reprochera le système de combat très approximatif et une gestion de l’interface bâclée, mais malgré ces défauts difficilement excusables, on prends grand plaisir à explorer Skyrim. Bref, l’un des meilleurs jeux de rôles PC de l’année à recommander à tous.

 

Skyrim / Bethesda / 2011

Notes

Graphismes / sons : 4/5

Interface de combat : 2/5

Scénario : 5/5

Jouabilité (fun) : 5/5