Deus Ex Human Revolution

Jeu élevé au rang de mythe parmi des joueurs PC, Deus Ex premier du nom restait un jeu indétrônable, mêlant savamment jeu de tir en vue subjective et jeu de rôle, tout en offrant une grande liberté d’action. Datant pourtant de plus de 10 ans, celui-ci n’a pourtant jamais été détrôné, et surtout pas par le second opus, du fait des larges possibilités qu’il offrait pour progresser.

Il est toujours difficile de proposer, plus de 10 ans après, un jeu à la hauteur des espérances des fans d’un jeu devenu un mythe. Deus Ex: Human Revolution a relevé le pari, et après 4 ans de développement ont opéré un retour aux sources de ce qui faisait le succès du premier opus.

Visuellement le jeu était très attendu, notamment en raison des magnifiques bandes-annonces réalisées par Square Enix mêlant avec goût le style du scénario d’anticipation et le documentaire. Au final, le résultat est relativement mitigé. Le personnage se déplace en vue subjective, comme dans tout FPS qui se respecte, mais le moteur de jeu reste relativement en deçà des ténors du marché. Les textures sont assez réussies, mais quelques détails, tel que le ciel reste assez choquant lorsqu’on le compare aux visuels offerts par la concurrence. De même, au niveau du moteur physique, on peut trouver surprenant du faible nombre d’objets destructibles ou qui peuvent être déplacés. Mis à part quelques caisses à déplacer, le jeu reste assez statique, à ce point de vue bien décevant au vu de la concurrence.

Sinon, fort heureusement, du coté artistique, les développeurs ont fait des merveilles. Que ce soit au niveau de votre personnage, des différents protagonistes ou des villes à explorer, le monde futuriste de Deus Ex Human Revolution offre une véritable identité renforcée par les magnifiques musiques de Michael McCann.

Au niveau du scénario, Square Enix Montréal a eu la bonne idée de placer les évènements plusieurs années avant les précédents opus, ce qui permettra aux joueurs fraichement arrivé sur la série de profiter de l’ensemble de l’histoire sans devoir se référer à celle d’un jeu sorti il y a longtemps, il faut le dire.

Vous incarnez donc Adam Jensen, un directeur de la sécurité de la société Sarif Industries, spécialisée dans les augmentations, des améliorations biotechnologiques. Cet ancien flic verra sa vie basculer lors d’une attaque commando sur la société, nécessitant l’implantation de nombre de ces augmentations pour lui permettre de survivre à ses blessures.

Le jeu se déroulera donc après l’attaque, alors qu’Adam Jensen enquête sur ce qui est arrivé en suivant une piste le menant dans trois grandes mégapoles. Et là, la grosse différence avec d’autres titres qualifiés de FPS, c’est que le joueur aura le choix. Une multitude de choix pour arriver à ses fins. Afin d’atteindre un ordinateur au sommet d’une tour bien gardée, la conception des niveaux permettra nombre de solutions, et peut être même des opportunités non prévues par les développeurs. Le joueur pourra opter pour le piratage de postes informatiques donnant accès à l’ouverture de portes, à la désactivation de caméras de sécurité, le passage par des conduits de ventilation, l’escalade de toits, l’entrée furtive, ou encore l’attaque frontale à l’arme d’assaut.

A noter que la démarche discrète sera toujours à privilégier car bien plus gratifiante. Pourtant cette démarche ne sera pas obligatoire et ne limitera pas le champ d’action du joueur. Toute approche non violente est possible, et il est possible de finir le jeu en ne tuant personne, et en utilisant l’une des nombreuses armes incapacitantes (grenades anesthésiantes, pistolet à fléchettes tranquillisantes). Le carnage sanglant reste possible, tout comme l’élimination des cibles une à une sans même se faire remarquer. Tout dépendra au fond de l’orientation que vous voudrez apporter à votre personnage, chaque situation permettant de multiples façons de s’en sortir.

A ce sujet, si le choix des armes permet d’orienter le gameplay, ce sera les choix quant aux augmentations du personnage qui détermineront sa capacité à utiliser l’une ou l’autre des approches. Au fur et à mesure de l’avancée dans le scénario, des points de dynamisation sont acquis (expérience) ou achetés. Il suffit alors de les utiliser pour améliorer l’un ou l’autre des membres synthétiques d’Adam Jensen. Ces améliorations seront très diverses. Certaines permettront d’analyser les réactions des protagonistes afin d’influencer leurs décisions et d’obtenir de nouveaux choix de dialogues. D’autres permettront le piratage de terminaux d’ordinateurs, d’ailleurs fort bien rendu par un mini jeu bien sympathique. Il y en aura aussi qui permettront d’améliorer la furtivité, depuis le réduction des bruits de déplacements ou encore allant jusqu’à une invisibilité temporaire. Enfin, les dernières seront plus physiques, telles que la capacité de se recevoir sans dégâts pour les sauts quelle que soit la hauteur, ou encore plus offensives, telle que le renforcement des bras atténuant le recul des armes, et même, summum du bourrinage, un système expulsant de micro bombes de votre corps. A noter qu’à la fin du jeu, le joueur disposera de presque toutes les augmentations, ce qui permettra une diversification de la manière de jouer encore plus grande, mais diminuera en contrepartie l’intérêt de recommencer le jeu.

Au fur et à mesure de son enquête, le joueur aura l’opportunité de découvrir trois mégapoles, Détroit, Hengsha en Chine et Montréal. Chaque centre urbain est l’occasion pour Denton de s’équiper mais aussi de dénicher les quelques (rares) quêtes annexes du jeu. Celles-ci, quoique malheureusement trop rares, sont agréablement intégrées à coté de l’intrigue principale apporteront un réel plus au monde décrit par Square Enix. On notera aussi le grand soin apporté aux livres électroniques rencontrés, expliquant les tenants et les aboutissants de la géopolitique mondiale de ce futur sombre. Ce souci du détail, combiné de manière intelligente avec l’évocation d’une actualité pas très éloigné de nos réalités telles que le réchauffement climatique ou que les luttes de pouvoir pour le contrôle des ressources en fait une petite merveille à ce niveau.

A ces aspects très positifs, et mis à part le moteur graphique un peu dépassé, il faut cependant temporiser un peu cet enthousiasme en soulignant quelques défauts :
– une intelligence artificielle un peu limitée, notamment lorsqu’un des ennemis est tombé et que les ennemis se précipitent un par un pour voir le corps,
– une gestion de l’inventaire totalement stupide dans sa gestion de la souris qui ne reconnaît pas le « drag’n drop ». Cela dit, l’organisation automatique de l’inventaire fonctionne bien,
– des plantages inopinés un peu trop nombreux (et je ne suis pas le seul à le constater). Problème grandement temporisé par les sauvegardes automatiques,
– et enfin un doublage français qui, s’il n’est pas franchement mauvais, reste bien en deça de la version anglaise et totalement désynchronisé avec les lèvres des protagonistes.

Au final malgré quelques défauts un peu irritants, Deus Ex Human Revolution reste un jeu unique en son genre aspirant le joueur dans les méandres de mégapoles futuristes, pour ne pas le lâcher jusqu’à la conclusion du jeu, qui, malgré sa durée correcte (Environ 30 heures de jeu), donne immanquablement l’envie d’en avoir plus.

Un titre vraiment à ne pas manquer, même pour les réfractaires du FPS, tels que votre serviteur.

 

Deus Ex Human Revolution / Square Enix Montréal / 2011

Notes

Graphismes / sons : 3/5 (technique)  ;  5/5 (artistique)

Interface de combat (FPS) : 4/5 (-1 en raison de l’inventaire)

Scénario : 4/5

Jouabilité / fun : 5/5