Drakensang : L’Oeil Noir

Le monde de l’Oeil Noir est assez connu chez les rôlistes traditionnels « pen & paper », surtout chez ceux qui ont pratiqué ces jeux les longues soirées d’hiver il y a une bonne vingtaine d’année. Si ce système de jeu est assez simple d’utilisation, avec seul des dés à 6 faces, il reste assez riche par l’utilisation de compétences en plus des niveaux, une progression très souple du personnage, ce qui a fait son succès outre-Rhin.

Drakensang - la villeDrakensang vous propose de jouer un personnage unique, mais qui aura la possibilité de se faire accompagner par une équipe de trois coéquipiers que vous pourrez recruter au fil de vos pérégrinations.

Au niveau du personnage, ce seront un large choix de profession qui seront proposées, allant du guerrier pur, en passant par diverses classes à l’appellation exotique, le voleur jusqu’au traditionnel mage. Par souci de simplicité, votre classe déterminera votre race, en adéquation avec la profession choisie. Par défaut, les talents seront choisis aussi pour vous en fonction de ladite profession, mais il vous sera possible de passer en mode expert afin de choisir les talents de votre personnage. Cette option est d’ailleurs à recommander si vous maîtrisez un tant soi peu l’Oeil Noir, afin de ne pas perdre des points de talents inutilement sur des talents que vous n’utiliserez pas.

Drakensang - les dialoguesSur votre feuille de personnage, vous aurez des talents généraux, comprenant des talents sociaux (barratin, charme, …), des talents d’artisanat (forge, archerie, …), des talents liés à la survie (connaissance animale, …), ou encore les talents de voleurs, pour ne citer qu’eux. Outre ces talents généraux, vous aurez droit aux compétences de combat par type d’arme au corps à corps, à distance, par type de défense, et des talents de magie. A chaque quête réussie ou combat gagné, vous aurez droit aux traditionnels points d’expérience, que vous pourrez dépenser pour acquérir de nouveaux talents chez des maîtres disséminés dans le monde, ou simplement pour augmenter les points attribués à un talent. Ce qui est très agréable est la possibilité de dépenser dans les talents les points d’expérience au fur et à mesure de votre progression, sans attendre le franchissement de niveau.

Drakensang - la natureOutre ces évolutions, les nouveaux talents ou compétences seront à acquérir chez les entraineurs. Si vos caractéristiques (force, dextérité, adresse, …) sont insuffisantes pour les apprendre, il vous sera aussi possible de monter celles-ci, moyennant les points d’expérience disponibles. Sachant que le coût de l’augmentation d’un talent ou d’une caractéristique augmente au fur et à mesure de la montée de celle-ci, il vous appartient d’augmenter les talents et caractéristiques de manière harmonieuse…

Bref, le système de gestion du personnage de l’Oeil Noir est excellent et un tel niveau de sophistication est rarement atteint dans les jeux de rôles sur PC. Mais tout n’est pas aussi rose qu’il n’y parait, non pas en raison de mécanismes défectueux dans la gestion des personnages, mais plutôt en raison de la traduction catastrophique qui a été faite sur les principaux mécanismes apparaissant sur la feuille de personnage. Entendons nous bien, si le doublage est de qualité, il n’en est pas du tout de même pour la traduction des éléments techniques du jeu de rôle. Visiblement le studio de doublage n’y comprenait rien, et ne s’est pas donné le mal de faire des recherches. Sur les objets, personnages, compétences, ou encore dans le manuel, les erreurs sont légion. On vous parle de 1W+4 au lieu de 1D+4, on confond allègrement points d’expérience, points d’aventures (=points d’expérience totaux non utilisés), mais encore plus grave, on confond endurance et points d’expérience (imaginez frapper un coup puissant qui vous couterait 20 points d’expérience). En plus, ces bugs ne sont pas limités à la VF, mais également à la version anglaise. Seule la version teutonne n’a apparemment pas ce problème. Bref, il est extrêmement difficile de s’en sortir au début du jeu, en raison de ces fautes de traduction, et en raison du manuel miteux et incomplet. C’est à décourager non seulement le néophyte du jeu de rôle, mais parfois aussi le rôliste chevronné qui a trop pris tendance à avoir l’habitude qu’on lui tienne la main dans les jeux récents.

Drakensang - le hall des nainsGraphiquement le jeu est sympathique. On est bien loin des derniers ténors graphiques, avec une 3D certes colorée et assez jolie, mais surtout avec un Bloom et un brouillard constants qui donnent un aspect assez irréel à tout ce qui vous entoure. Les décors sont heureusement assez variés, et un réel effort a été fait pour la ville principale du jeu. On regrette un peu le manque de variété des monstres rencontrés, mais les animations des combats sont tout à fait honorables, et à aucun moment on ne plissera les yeux devant un décors trop hideux. Ca manque juste un peu de variété. Les musiques elles aussi sont bien, mais parfois un peu répétitives, surtout celle du menu principal.

Drakensang - la bastonAu niveau du scénario on vous met dans la peau d’un aventurier contacté par un ami de longue date qui vous demande de le rejoindre en ville, et ce sera le début d’une longue quête et succession d’évènement, qui prendra de l’ampleur de fil en aiguille et finira par vous mettre face aux créatures les plus puissantes de ce monde.  Sans en dévoiler plus, nous sommes en présence d’un scénario qui pourrait être très intéressant, mais qui a tendance à retomber à plat en raison des quêtes à accomplir, parcourrant un peu trop les sentiers battus. On ne peut se débarrasser d’une nette impression de déjà vu en y jouant. Visiblement Radeon Lab a apporté grand soin à son bébé, mais très franchement, le tout manque cruellement d’originalité et de rebondissements. Les dialogues se font par l’habituelle branche de dialogue et sont biens gérés et ne sont pas génériques comme ce qui est généralement reproché à Bethesda, mais le tout tombe parfois dans la mièvrerie la plus totale, et comparé aux jeux de rôles actuels, on aurait apprécié quelque chose d’un peu plus adulte, plus dynamique, en bref plus intéressant.

Drakensang - baston contre les orcsPour ce qui est du système de combat, on est en présence d’un système en temps réel avec pause, vous permettant de donner les instructions à vos personnages, avant de repasser en temps réel, et de les voir exécuter vos ordres en fonction de leurs jets d’initiative et du tour de jeu. C’est une solution bien agréable qui permet une gestion intelligente du combat. Aspect également intéressant : Le jeu gère les blessures, et au bout d’un certain nombre de blessures, un personnage tombera, passant directement à zéro points de vie, quel que soit les points qu’il avait avant. Celà oblige à surveiller non seulement les points de vie, mais aussi les blessures, qui ne pourront être soignées qu’avec des bandages, et baumes de soins, contrairement aux points de vie qui peuvent être restaurés par sort ou potion. Par contre au niveau de l’interface, ce n’est pas catastrophique, mais on est loin d’une solution très pratique. Nombreux seront les clics de souris à répéter inlassablement au cours des combats, d’autant plus que le joueur étant obligé de privilégier certaines compétences, la variété des compétences utilisées en combat sera très limitée. Ajouté à cela une magie globalement assez inefficace et des sorts considérés comme des talents. Ca manque de travail tout ça. Bref, ce sera toujours les mêmes procédures et attaques utilisées, ce qui entraîne lassitude et altère sérieusement l’intérêt des combats.

Drakensang - la forgePour conclure, on est en présence d’un jeu agréable, très traditionnel dans ses mécanismes de jeu de rôle, avec un système de combat adapté à ce type de jeu. On regrettera le manque d’audace de l’ensemble de l’équipe. Nous avons ici un jeu créé par une équipe besogneuse, soucieuse de bien faire leur boulot, mais quelque part, on se demande s’ils ne se sont pas un peu borné à ce qu’ils avaient à faire, sans aller vraiment plus loin. Drakensang est un jeu de rôle tout à fait correct, remplissant son office, mais qui, au fond, aurait pu être bien plus qu’un jeu moyen-bon avec un peu d’originalité et une traduction correcte des mécanismes du jeu.

Mods :

L’Ergo Fixpack, est un patch de fan qui ne se contente pas de corriger les erreurs de traduction, mais peaufine les mécanismes du jeu.
Par contre, aucune idée de l’efficacité de celui-ci…

Drakensang : L’Oeil Noir / Radeon Labs / Eidos / 2009

Notes

Graphismes & sons : 3/5

Combats : 3/5

Scénario : 3/5

Jouabilité (fun) : 4-1 = 3/5 (-1 notamment en raison des bugs de traduction)