Fallout 3

Né au cœur d’un monde ravagé par une guerre atomique, vous avez vécu toute votre vie en sécurité dans l’Abri 101. Mais votre vie change du tout au tout le jour où votre père en disparait mystérieusement. Vous décidez aussitôt de quitter l’abri à votre tour pour partir à sa recherche, quitte à faire face aux terres arides et dévastées du monde post-atomique….

Fallout. Voici un nom qui fera frissonner de plaisir tout amateur de CRPGs. Si la licence n’a jamais atteint un grand succès public – elle s’est très vite taillée une grande réputation parmi les amateurs, aussi bien par son univers que par son gameplay quasi révolutionnaire à l’époque – en faisant de la série l’une des licences les plus appréciées des amateurs du genre.

Plus de 10 ans après la sortie du second épisode – réalisé à l’époque par feu-Black Isle Studios – c’est finalement sous l’égide de Bethesda Studios – les créateurs des non moins réputés Elder Scrolls – que la licence renait de ses cendres, au point de créer la controverse, tant les CRPGs de Bethesda peuvent paraitre à l’opposé de la licence Fallout. Bethesda aura-t-il réussi à créer une suite digne de ce nom mythique ?

Au commencement….

Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce troisième opus commence très bien. Dès l’introduction on est immédiatement pris par l’ambiance et quand la voix grave de Ron Perlman nous lance son « War… War Never Change » impossible de ne pas se dire : « Enfin… Fallout est revenu ! » Et cette impression aura tôt fait de se confirmer. Dès le début, Bethesda ne lésine pas sur l’immersion. Les développeurs ont depuis longtemps l’habitude d’intégrer la création du personnage au cœur du jeu, mais Fallout 3 pousse le concept encore plus loin en la présentant d’une façon très originale débutant dès la naissance de votre personnage et vous présentant plusieurs étapes de sa croissance, chacune correspondant à une phase de la création de votre personnage. Tout cela nous plonge immédiatement dans l’ambiance, et ce n’est encore que le début !

Oblivion j’écris ton nom…

Le moins que l’on puisse dire c’est que graphiquement, ce Fallout 3 est vraiment très joli. Si l’Abri 101 est déjà assez réussi, c’est au moment de franchir son seuil et de pénétrer dans les terres dévastées que la claque se fait sentir. S’il reprend le moteur d’Oblivion, Fallout 3 va tout même au-delà de son ainé en poussant encore plus loin la réussite graphique avec des environnements tout simplement magnifiques.

Par contre on sera un peu plus mitigé au niveau des PNJs et des personnages – s’ils restent graphiquement de bonne facture, le moteur d’Oblivion commence sur ce point à accuser son âge avec parfois un manque de variété dans les visages, mais surtout une animation très figée qui a mal évolué. Fallout 3 a aussi hérité d’Oblivion une vue à la 3ème personne tout simplement médiocre… qui sans être injouable comme celle de son cousin, est tout simplement irritante car le personnage donne l’impression de glisser sur le sol.

De même on regrettera toujours cette manie d’offrir les intérieurs et les extérieurs sur des cartes séparées…. Méthode usuelle du développeur, mais qui semble tout de même sortie d’un autre âge. Ceci dit on est ravi de voir que le côté monde virtuel est tout aussi poussé que dans le précédant titre de Bethesda – une grande interactivité et surtout, des PNJs vivants selon des emplois du temps complets. Le genre de détails qu’on aimerait voir dans tous les CRPGs et qui contribue énormément à l’immersion. Un autre aspect clairement hérité des Elder Scrolls est l’importance donnée à l’exploration. Fallout 3 propose un univers en 3D tout simplement énorme – et s’il n’atteint pas le gigantisme d’un Elder Scrolls, c’est au final pour le mieux car cela permet de créer un univers bien mieux « designé » et surtout bien plus personnalisé. Le wasteland est tout simplement un pur plaisir à explorer et on se met souvent à se balader au hasard simplement dans le but d’explorer (comme par exemple en apercevant une bâtisse au loin qui nous donne d’un coup l’envie d’aller voir ce que c’est).

De plus même si cet aspect est géré d’une manière radicalement différente de Fallout 1&2, les développeurs ont réussi a recréer dans un certain sens le côté « surprise » des précédents opus… à savoir qu’en se baladant on tombera souvent au hasard sur divers types de rencontres, tel un groupe de la Confrérie de l’Acier qui nous demande de passer notre chemin, un pauvre-hère à moitié mourant, une caravane de marchands, ou même un groupe de super mutants ne cherchant qu’à vous tuer ! Il y a aussi du fast travel, mais au contraire d’Oblivion on ne peut l’utiliser que pour les lieux qu’on a visité même si on possède déjà un marqueur pour le lieu en question. Ce point en tout cas est une grande réussite et parait être un apport de taille par rapport aux premiers opus. Mais si les premières impressions devant le titre pourraient clairement faire penser à une variation post-apocalyptique d’Oblivion, force est de constater qu’il n’en est rien et qu’au-delà de la surface, on se retrouve bien vite devant tout ce qui faisait le charme et la qualité de Fallout.

Le choix est à vous !

Car s’il y a bien un plan sur lequel Fallout 3 se démarque considérablement des précédents titres de Bethesda, c‘est au niveau des dialogues et des quêtes. Il faut bien le reconnaitre : qu’on aime ou pas les Elder Scrolls, les dialogues n’ont jamais été le point fort des jeux Bethesda et ils étaient assez souvent minimalistes, se résumant à quelques mots clefs sans aucune possibilité. Bref : tout le contraire d’un Fallout où les dialogues ont toujours eu une place essentielle. Mais là, c’est heureusement tout le contraire. Dans l’apparence cela ressemble assez à Oblivion avec le personnage figé en face, mais c’est dans la forme que ça change du tout au tout.

Pour tout dire, les dialogues sont totalement dans la lignée de Fallout 1&2 : à savoir des dialogues à base de phrases complètes… et qui offrent beaucoup de choix ! On peut agir comme le brave type de base, ou comme un bon gros salopard, on peut mentir, trahir sans soucis… bref tout ce qu’on peut attendre d’un Fallout digne de ce nom. Si au contraire des deux premiers épisodes l’intelligence n’influe pas sur les réponses de Dialogue, le reste le peut néanmoins. Ainsi il y a souvent la possibilité d’utiliser la compétence « Speech » (et attention, c’est un choix unique, en cas d’échec impossible de retenter sa chance !), mais on verra aussi régulièrement apparaître d’autres choix liés à diverses caractéristiques. Tous les personnages n’ont pas le même degré de dialogues, mais ceux-ci peuvent s’avérer long, voire complexe et surtout : ils sont de qualité !

Et bien sûr, le plus important est que tout cela influe grandement… sur la résolution des quêtes… un autre point très réussi du titre…. Et là encore très à l’image de ce qu’on pouvait trouver dans les précédents Fallout. Oblivion possédait d’excellentes quêtes, mais elles étaient toutes très directes, sans offrir de choix. Là, c’est tout le contraire – et presque toutes les quêtes offrent des choix dans leurs résolutions, souvent plus ou moins moraux. Il n’y a pas qu’une seule solution pour résoudre une quête, et on peut aussi bien trahir son employeur (ou le tuer), que le baratiner et lui faire croire qu’on a fini une quête qu’on n’a, en vérité, pas entamée. Cet aspect est d’autant plus réussi qu’il contribue à la rejouabilité du titre, vu qu’on peut clairement avancer dans Fallout 3 de diverses manières.

Un développement très S.P.E.C.I.A.L.

Pour ce qui est du développement du personnage, Bethesda s’est tout simplement contenté de reprendre le système S.P.E.C.I.A.L initié par Fallout 1&2. En d’autres mots, c’est un mélange de caractéristiques, d’expériences et de point à repartir à chaque niveau dans de multiples compétences qui pourront influencer le déroulement du jeu autant vis-à-vis du gameplay que des dialogues. Il y a certes de légères différences avec les opus précédants… mais c’est globalement la même chose : Les mêmes caractéristiques, de nombreuses compétences, et les perks à choisir à chaque niveau.

Les compétences ont clairement une grosse importance dans le jeu et il faut bien les gérer, surtout quand on veut hacker des ordinateurs ou crocheter des serrures où ça peut être impossible avec un niveau trop faible (ca implique aussi une forme de mini-jeu, mais bien moins irritante que ce qu’on pouvait trouver dans Oblivion par exemple). On retrouve aussi comme d’habitude diverses drogues et substances qu’on peut consommer pour augmenter temporairement ses caractéristiques. Sinon, le développement à base d’XP tiens autant en compte la résolution des quêtes, ou encore la réalisation de simples actions comme le hacking – que les adversaires tués combats .

Le V.A.T.S. en action

Mais l’aspect sans doute le plus controversé de Fallout 3 est son nouveau système de combat En effet, la vue FPS du titre offre quelque chose de bien éloigné du tour par tour présent dans les deux premiers opus. S’il est théoriquement possible de jouer à Fallout 3 comme à un FPS… il apparait néanmoins rapidement que par sa nature de jeu de rôle, le titre n’est pas du tout conçu dans ce sens. Pour être honnête, jouer en « FPS » n’est pas très gratifiant, ni très amusant tant le tout parait lent et imprécis. Mais c’est là que le V.A.T.S entre en action. Le V.A.T.S, c’est le tout nouveau système de combat de Fallout 3, qui s’inspire assez librement du système des deux premiers opus mais en tentant de le transposer dans un univers 3D en temps réel – et le jeu parait véritablement construit par et pour le V.A.T.S, tant certains combat sont véritablement impossible sans.

Et sincèrement : c’est un pur plaisir. Si on pouvait avoir peur que ce système ne soit un peu Gimmick « pour faire Fallout », on se rend vite compte qu’il s’agit au contraire d’un élément indispensable du combat, et qui plus est, très jouissif. Il permet ainsi d’offrir une visée plus précise sur les adversaires avec un pourcentage dépendant des caractéristiques et des compétences du personnage. Cela permet aussi d’enchainer plusieurs actions – voire même sur plusieurs cibles – selon le nombre de points d’action que l’on possède. C’est intéressant à gérer, et comme dans un Fallout classique il faut bien gérer ses points et ses compétences… mais surtout il existe une véritable richesse tactique qu’on ne soupçonnerait pas au premier abord, notamment quand il y a des multiples adversaires en face… et qu’on est dans une situation difficile. Rien de tel que de tirer dans le bras d’un ennemi pour le désarmer, puis enchainer sur un tir à la jambe du suivant pour le ralentir avant de mettre une bonne balle dans la tête du plus proche et l’achever ! D’ailleurs, il est bien plus gratifiant une fois à cours de point d’action d’éviter le combat en attendant que ça recharge plutôt que de tirer en temps réel, ne serait-ce que parce qu’en V.A.T.S, on dépense largement moins de munitions.

De plus, c’est aussi un peu un challenge en terme de difficulté… d’autant que le nombre de balles à tendance à rapidement baisser au début. Après, il est vrai que comme dans les premiers Fallout, plus on avance dans le jeu, plus les combats deviennent quasiment du « God Mode », mais cela reste globalement assez jouissif ! Bref sur ce plan, ce Fallout 3 est vraiment une grande réussite et apporte un véritable aspect « Fallout-esque » aux combats – chose que j’aurais cru difficilement exportable dans de la 3D en temps réel. Et le tout parait tellement novateur en soit, qu’il ne serait guère étonnant que d’autres titres s’en inspire à l’avenir.

Un tableau imparfait…

Malheureusement en dépit de ce charmant tableau, plusieurs points viennent entacher ce troisième épisode. Comme je le disais au dessus, les animations paraissent vraiment statiques à l’instar d’Oblivion, et s’il est vrai que cela a été quelque peu amélioré depuis, il faut bien admettre qu’après un Mass Effect on a un peu l’impression d’être revenu dix ans en arrière. Dans le même ordre d’idée… là encore à l’instar des précédents titres de Bethesda, les environnements souffrent par moment d’un côté un peu « générique » comme notamment les nombreuses rames de métro qui se ressemblent toutes.

En plus de ça, l’équilibrage de l’expérience est un peu raté…. soit il n’y a pas assez de niveaux, soit les quêtes et les ennemis rapportent bien trop d’expérience. Ainsi, on finit par avoir un perso au maximum de ses capacités bien trop vite, alors qu’il nous reste beaucoup d’explorations ou de quêtes à faire. De plus, si l’esprit Fallout est bel et bien respecté et qu’on y retrouve bien quelques moments cinglants et savoureux d’humour noir… globalement ça manque tout de même d’humour par rapport à Fallout 2, et l’univers parait plus sérieux et premier degré. S’il s’agit d’un parti pris assumé de Bethesda, désireux de se rapprocher du premier épisode – les amateurs du second épisode comme moi ne pourront que le regretter !

Mais le défaut majeur vient tout simplement de la quête principale ! Déjà elle n’est pas bien longue et ça ne m’étonnerait pas qu’en prenant un perso et en se focalisant uniquement sur la quête principale elle ne dure guère plus de quelques heures. Mais ça passerait encore si cette trame principale ne donnait pas le sentiment d’être totalement anecdotique. En fait, on a plus l’impression de suivre une longue et sympathique quête annexe que le centre du jeu. Et pire encore, on a l’impression que l’histoire se termine alors qu’elle vient à peine de démarrer… pour en plus donner le sentiment de n’avoir vécu qu’une vague redite de Fallout 2. Bref sans être mauvais… ce n’est ni très palpitant ni transcendant, et pour enfoncer le clou, la fin du jeu ne reprend même pas le schéma des deux premiers opus. C’est un peu dommage et c’est vraiment le gros point noir qui vient quelque peu gâcher cet excellent titre.

Au final

Au final, que dire sinon que malgré ses défauts, Fallout 3 reste un excellent titre et réussi aussi l’exploit de transposer à merveille l’univers et le gameplay des 2 premiers opus dans un univers 3D. Loin d’un « Oblivion with Guns » on y retrouve surtout un Fallout en 3D auquel on aurait presque envie de reprocher son classicisme, voire son trop plein de fidélité – on sent la volonté de ne pas décevoir, et Bethesda ne prend au final guère de risque avec la licence et se « contente » de nous proposer un très bon Fallout en 3D. Mais quand on pense à toutes ces licences qui ont été gâchées ou ont perdu leur âme en passant à la 3D et/ou en changeant de développeurs, on n’a juste l’envie de dire : chapeau et merci Bethesda. Et on attend avec impatience le futur Fallout 4 – avec l’espoir, tout de même, d’une plus grande originalité.

 

Fallout 3 / Bethesda / 2008

+ Univers Fallout respecté
+ Graphiquement Réussi
+ Ambiance travaillée
+ Des dialogues vraiment interactifs
+ Les Quêtes et leurs nombreuses résolutions possibles
+ Le système SPECIAL
+ Le V.A.T.S.

– Ca manque d’humour
– Les animations parfois rigides
– Un côté parfois trop générique
– Un équilibrage de l’expérience a revoir
– La quête principale
– Pas très original dans l’absolu