Dark Messiah of Might & Magic

Précisons le tout de suite, si Dark Messiah of Might and Magic a été réalisé par les français d’Arkane Studios, les réalisateurs de l’excellent Arx Fatalis, celui-ci n’est pas un jeu de rôle, mais un jeu de bourrinage en vue subjective. Alors pourquoi parle de celui-ci sur le Dagon’s Lair ? Tout bonnement parce que celui-ci utilise l’univers des Might & Magic, mais aussi parce qu’il se montre exceptionnel, et propose une jouabilité hors du commun, dans un contexte assez proche d’un jeu de rôle.

Dark Messiah of Might and MagicGraphiquement, le jeu est en vue subjective et utilise une version améliorée du moteur « Source » de la société Valve à qui l’on doit la série des Half Life. Ce terme technique se résume en un seul mot : magnifique. Les ombres et les lumières sont superbes, tout comme les effets visuels et sonores.

C’est surtout au niveau de l’exceptionnelle interaction avec le décors et la construction des niveaux que Dark Messiah est particulier. En effet, on ne peut pas qualifier ce jeu de FPS pur et dur. Cela tout d’abord parce que son univers est médiéval fantastique, ce qui est peu courant dans ce style de jeu, mais aussi en raison de son inventaire, qui, s’il est réduit, est bien présent. A cela se rajoute un petit coté jeu de rôle, puisqu’il comprend certaines compétences qui se débloqueront selon les choix du joueur, lorsqu’il recevra des points de talents au fur et à mesure de l’avancée du jeu. Celles-ci se déclineront selon trois schémas : le combat corps à corps, la magie ou encore la furtivité.

Dark MessiahEn fait, le joueur incarne un élève d’un mage initié aux techniques susdites, envoyé à la recherche d’un artéfact de puissance depuis longtemps disparu. Bien entendu, quelques rebondissements seront le prétexte à une aventure haute en couleur, et surtout en combats contre des êtres en supériorité numérique, mais aussi contre des êtres gigantesques, tel les cyclopes.

C’est au niveau de la jouabilité que le jeu brille, puisque Arkane a tenté de rendre le système de combat par nature répétitif du jeu de combat plus intéressant et attractif. Les combats, très sanglants, se dérouleront via la dague, l’épée ou la magie, des coups rapides ou puissants, des parades ou de grands coup de pieds qui permettront d’envoyer les adversaires sur les épieux disposés « par hasard » dans les décors, ou encore dans les flammes d’une cheminée… De nombreux objets pourront servir pour se débarrasser des adversaires, qui supporteront très mal le passage dans des endroits enflammés, ou encore le fait de se prendre en pleine figure une caisse, un tonneau une chaise, ou tout autre objet qui se trouvera à la portée de la main. Il est assez jouissif aussi de faire s’écrouler un lustre sur un groupe d’ennemis en coupant la corde qui le retient. De même il est agréable de pouvoir enflammer une fleche sur un feu avant de la tirer sur les ennemis…

Les combats étant assez sanglants, et le personnage réussissant des « fatalities » bien gores sur les ennemis, le jeu reste assez jouissif.

Dark MessiahAu niveau des points négatifs, on pourra lui reprocher qu’après la première bonne surprise passée des combats en utilisant le décors, le jeu devient rapidement répétitif, et le joueur sera plus enclin à donner des coups de botte pour empaler les adversaires ou les faire tomber de falaises que d’utiliser les armes ou sorts qu’il aura pris le soin de collecter. La puissance d’une chaise lancée contre un adversaire laisse pensif par rapport au coup d’épée bien placé. D’autre part, on regrette la faiblesse du mode furtif (on est loin d’un Thief), le coté très scripté et un peu linéaire, et surtout le manque de liberté & de développement du personnage. Mais après tout, c’est bien ce qui fait la faiblesse de ce genre de jeu.

On note également une partie multijoueur, qui permet de se mesurer à 32 joueurs, qui, outre les combats d’arène ou de capture de drapeau classiques aux FPS, permet de se mesurer à une équipe adverse sur 5 cartes successives pour garder des forteresse en maîtrisant des points stratégiques. A noter la possibilité de garder ses points de compétence, d’une partie à l’autre. Une idée sympathique, même si une véritable aventure coopérative aurait été un concept, je pense, plus amusant.

Quoiqu’il en soit, il s’agit d’un bon jeu, qui a le mérite d’apporter quelque chose de neuf à un genre ultra-conventionnel. Celui-ci est à recommander vivement aux amateurs de jeux de bourrinage en vue subjective, et à ceux qui, fans de jeux de rôles, souhaitent tenter l’expérience. Ceux qui cherchent un jeu de rôle passeront leur chemin, celui-ci étant bien trop léger à ce niveau.

Mon seul véritable regret d’ailleurs reste de voir le talent d’Arkane Studio utilisé pour ce type de jeu, et d’imaginer avec nostalgie ce qu’aurait pu donner Arx Fatalis II…

 

Dark Messiah of Might & Magic / Arkane Studio / Ubisoft / 2006

Notes

Graphiques & sons : 5/5

Interface de Combat en tant que FPS : 4/5

Scénario : 3/5 (totalement linéaire)

Jouabilité (fun) en tant que FPS : 4/5