Elder Scrolls Online

Bethesda, dont la renommée n’est plus à faire pour sa célèbre série de jeu de rôle Elder Scrolls se démarquait surtout pour la richesse de son monde médiéval fantastique, et pour les nombreuses interactions qui y était possible. Au vu de ce constat, le potentiel « online » d’un jeu aussi orienté « bac à sable » paraissait évident. Ce sera donc avec Elder Scrolls Online, que Bethesda, par le biais de Zenimax tente une première incursion dans le domaine aujourd’hui très concurrentiel des jeux de rôles en ligne, avec une approche qu’on pourrait qualifier de téméraire:
– un jeu à très gros budget,
– et en parallèle un logiciel « client » vendu à un prix conséquent, nécessitant de surcroît un abonnement d’environ 13 € / mois.

Elder Scrolls Online

Une personnalisation de votre personnage assez poussée...

Une personnalisation de votre personnage assez poussée…

 

Avant de détailler les mécanismes du jeu, ses graphismes et son scénario, commençons par le début : la création du personnage, et son évolution. A la création de votre avatar, mis à part la grande personnalisation de son physique, on peut être surpris par la faiblesse des choix de profession. A un choix de faction s’ajoute un choix entre trois races et se superpose le choix entre quatre classes, Templier, Chevalier dragon, lame noire, et sorcier. Si ce faible nombre de choix pouvait faire craindre une dilution des mécanismes de jeux de rôles, on se retrouve très vite rassuré au bout de quelques heures de jeu. Elder Scrolls Online est bien un « mmoRPG » et non un simple « mmo ». Toutes les évolutions du personnage se feront par montée de niveau, mais aussi par une évolution des très nombreuses compétences. A chaque classe de personnage, mais aussi à chaque race ou même à chaque guilde rejointe correspond une liste de compétences, chacune pouvant être améliorée et même transmutée vers une compétence améliorée. Autrement dit, la personnalisation de votre personnage se fera de manière extrêmement poussée, et on sera loin des archétypes propres aux autres jeux en ligne réduisant leur population à une poignée d’archétypes viables. Ici, chacun aura son personnage, avec son aspect, mais aussi ses compétences propres.

Elder Scrolls Online

La vue en « 3ème personne » offre la meilleure visibilité

Autre donnée particulière, ici pas de multitude de serveurs obligeant le joueur à sélectionner le monde adéquat pour pouvoir rencontrer ses amis. Ici, deux choix : un méga-serveur européen et un méga-serveur américain. Quelque part, seul le choix de la faction de jeu sera un facteur limitant dans la possibilité de jouer ensemble, tout du moins dans toute la partie progression du personnage, jusqu’à ce que le joueur atteigne le niveau ultime (50), ou qu’il rencontre sa connaissance à l’occasion d’escarmouches joueur contre joueur.

Une interface de combat minimaliste, proche des Elder Scrolls

Une interface de combat minimaliste, proche des Elder Scrolls

Dès les premières minutes de jeu du personnage nouvellement créé, on se retrouve avec une introduction assez scénarisée, histoire de prendre en main le principe du jeu, son interface et son système de combat. L’interface est avant tout minimaliste, avec seuls les éléments indispensable apparaissant à l’écran lorsqu’ils sont nécessaires. A la vue subjective 3D habituelle à la série Elder Scrolls, se propose une vue « 3ème personne » plus traditionnelle (et plus adaptée) à ce type de jeux. Quoiqu’il en soit, on est en territoire connu, mais on note un accent certain mis dans l’immersion. Graphiquement, le jeu est assez joli, le monde est bien détaillé, mais reste un cran en dessous de ce qu’on avait pu voir avec Skyrim. On est ici loin des décors très colorés de nombre de jeux en ligne tels que Starwars Old Republic, World of Warcraft ou autres. Pour ma part, après une petite déception en début de partie, j’ai fini par apprécier le travail effectué sur les décors, le souci du détail, que ce soit en extérieur ou en intérieur. Très vite, on finit par traverser des décors magnifiques, qui, s’ils peuvent parfois paraître ternes au premier abord, ne sont jamais sans âme ou génériques.

Au niveau du système de combat, Zenimax a visiblement souhaité reproduire quelque chose de proche de la série des Elder Scrolls, avec un système relativement orienté action. On porte les coups sur l’adversaire avec le bouton gauche de la souris, de manière plus appuyée, le coup sera plus puissant. Avec un arc, il faudra bien viser, tout comme avec les sorts de mage. les parades se feront avec le bouton droit de la souris, bref, on est plus dans le registre du jeu solo que des touches numériques à sélectionner successivement comme bon nombre de jeux en ligne. A noter aussi que les adversaires sembleront plus intelligents que chez la concurrence, ceux-ci se soignant, et s’attaquant souvent aux joueurs faisant le plus de dégâts plutôt qu’à celui qui réussira à attirer l’adversaire par la gestion de l' »aggro ». C’est plus vif, plus intéressant, …même si du progrès reste encore à faire. En effet on déplore notamment des bugs de collision, des décalages visibles entre la position affichée et la position prise en compte de l’adversaire, ou encore des actions parfois non prises en compte en fonction de problèmes de lag internet. Bref, un système de combat assez sympathique, mais parfois peu adapté au jeu en ligne. il faut pourtant reconnaître que de gros progrès ont été accomplis dans ce domaine.

The Elder Scrolls Online - les ancresAu niveau du scénario, on reste dans du classique « Elder Scrolls ». Le démoniaque prince Daedrique Molag Bal, grâce à la complicité d’un nécromancien, cherche à faire fusionner le monde avec son royaume démoniaque. Au fur et à mesure de l’aventure, le joueur sera confronté à des « ancres » démoniaques, sortes de portails magiques à travers desquels se déverseront Daedras et démons sur Tamriel. On se rapproche un peu du scénario d’Oblivion, mis à la sauce online, puisque les joueurs pourront s’unir pour détruire ces ancres.

Belle diversité de décors...

Belle diversité de décors…

Ce qui est surtout appréciable au niveau du scénario est le soin et l’écriture apporté aux très nombreuses quêtes qui parsèment Tamriel. On est loin ici des nombreuses quêtes « fedex » présentes dans d’autres jeux. Pas de multitude de monstres à tuer, pratiquement aucune mission demandant simplement d’aller tuer untel et d’apporter tel objet. Ici les missions sont entièrement scénarisées, dans le modèle du jeu solo. On note des groupes de missions qui se suivent, réellement scénarisées, nous contant une véritable petite histoire, avec des objectifs variés, dont le suivi apportera un vrai dénouement. Que ce soit l’enquête sur des morts mystérieuses, en passant par des missions diplomatiques, des missions de sauvetages, des chasses au trésor ou encore de l’aide demandée au détour d’un chemin, même si nombre de quêtes impliquera l’usage de vos compétences de combat, il sera rare de se retrouver à tuer du monstre pour le plaisir de le faire. Jamais depuis certaines quêtes du bon vieux Dungeons & Dragons Online les missions n’auront été aussi scénarisées et fouillées. On notera également une évolution discrète du monde en fonction de vos actes et actions, avec des zones « phasées », dont les protagonistes seront présents en fonction de vos actes. Un exemple : un personnage que vous avez libéré pourra très bien se retrouver pour vous quelque part en ville, et vous proposer dialogues et quêtes spécifiques, alors que d’autres joueurs n’ayant pas accompli la quête ne le verront pas.

Les talents se débloquent par des points de compétences, puis montent par leur utilisation

Les talents se débloquent par des points de compétences, puis montent par leur utilisation

Vous l’aurez compris, l’un des points forts est la gestion de votre personnage et son accompagnement dans son évolution. A cet aspect qui est, reconnaissons-le, une franche réussite, se rajoute un système d’artisanat qui n’a pas à rougir face à la concurrence. Souvent l’artisanat est un peu le parent pauvre du jeu, ici, celui-ci semble plus intéressant que chez la concurrence, puisqu’une partie intégrante de celui-ci aura tôt fait de vous titiller pour faire partie intégrante du développement de son personnage. L’artisanat vous permettra de créer, d’améliorer armes et armures, de les enchantes, mais aussi de créer des potions, de la nourriture. La collecte des ingrédients pourra se faire par tous sans prérequis particuliers, mais dépenser certains points dans des compétences passives permettront de les trouver plus facilement. Selon les métiers d’artisanat, les recettes seront disponible soit en les trouvant (pour la cuisine), soit en « déconstruisant » des objets, soit en faisant des recherches dessus. A noter, que pour améliorer les compétences, le point à dépenser sera le même que ceux utilisés pour les compétences de combat et que l’on obtient à chaque niveau du personnage, tout comme lors de la découverte d' »éclats célestes », disséminés dans le monde, ce qui encouragera l’exploration. Bref, un système d’artisanat fouillé et réfléchi qui rajoute véritablement un intérêt au jeu.

Bug in Tamriel : en attendant le respawn du boss qui n’est jamais venu…

Quelque part, si Elder Scrolls Online peut être véritablement qualifié de jeu de rôle massivement multijoueur, il reste également l’un des seuls jeu de ce type à jeter un pont entre les deux mondes en essayant de garder le meilleur des deux mondes. Tout n’est cependant pas parfait. Outre les quelques bugs inhérents au lancement d’un jeu d’une telle envergure, on peut déplorer qu’au final, l’évolution de votre personnage se fera souvent en solitaire et que le joueur ne sera pas assez poussé à utiliser la composante multijoueur. Dans ce cas, à quoi bon faire un jeu de rôle en ligne, si ce n’est pas pour parcourir Tamriel en groupe ? On notera bien certains donjons nécessitant de former un groupe avant de se lancer, ou les ancres démoniaques, dont les nombreux ennemis inciteront à la collaboration de nombreux joueurs pour survivre, mais les incitations seront rares lors de l’exploration. Du haut de mes quelques heures de jeu, j’ai d’ailleurs été plus souvent confronté à une perte d’immersion consécutive à l’exploration d’un petit donjon par une meute de joueurs que par un groupe mettant en commun leurs ressources pour accomplir leurs quêtes.

Mise à jour du test : contenu haut niveau et PVP :

Alors que la progression du personnage atteint des sommets (niveau 50) le joueur se retrouvera à débloquer les rangs de vétéran, et pourra explorer les territoires des autres factions. Le joueur aura aussi accès aux 6 donjons vétérans, des versions plus difficiles des donjons normaux dans lesquels le joueur découvre de nouvelles salles, de nouveaux boss et une histoire qui reprend là où la version bas niveau l’avait laissée. 

Concernant le PVP, dès le niveau 10, le joueur aura accès à Cyrodiil, véritable point de convergence des trois factions, où se joue une bataille épique pour le contrôle de la Cité Impériale. Au programme contrôle de points clés, progression dans le territoire ennemi, prise d’objectifs. Les joueurs gagnent des points de rangs PvP qui servent à acheter des engins de siège, des améliorations de forteresse, etc. De nombreuses autres subtilités font du PvP / RvR (Royaume contre Royaume) l’un des plus intéressants du genre, les batailles pour les prises de forteresses étant plutôt épiques.

Elder Scrolls Online

Les Ancres, grande bataille en perspective…

Bref, malgré quelques petits défauts, TESO est visiblement LE jeu de rôle en ligne incontournable du moment. Personnellement je n’y croyais pas trop au début, mais il faut reconnaître qu’il détient certains atouts, et qu’après y avoir goûté, il est très difficile d’en décrocher, tant ses qualités sont proches d’un jeu de rôle solo.

Combat au pied de l'Ancre...

Combat au pied de l’Ancre…

Une question demeure toutefois : ses qualités seront-elles à même de retenir suffisamment les joueurs pour que le modèle économique par abonnement soit viable ? L’avenir nous le dira.

Zenimax prévoit d’ailleurs nombre d’extensions et d’ajouts post-lancement, dont le premier opus est prévu dès la fin du mois d’avril avec une nouvelle zone d’aventure, Raidelorn. C’est peut-être la solution pour fidéliser le joueur : offrir régulièrement du nouveau contenu riche et varié.

 

Elder Scrolls Online / Zenimax Online Studios / Bethesda Softworks / 2014

Notes

Graphismes : 4/5

Interface de combat: 4/5

Implémentation du scénario et des quêtes : 5/5

Jouabilité (fun): 4/5