Portal 2

Portal 2 est un jeu atypique. Un de ces ovnis vidéoludiques pour lesquels leurs auteurs ont été touchés par un trait de génie qui fait de leur jeu quelque chose d’incomparable avec le reste de la production. Quelque chose à part.

Portal est l’histoire d’un humain considéré comme un rat de laboratoire, vous. Vous vous réveillez dans une chambre, sans savoir ce que vous y faites, avec comme seuls interlocuteurs deux intelligences artificielles antagonistes qui vont vous guider à travers une succession de salles de test se construisant et se reconstruisant pour vous proposer des énigmes de plus en plus corsées dans le complexe souterrain d’Aperture Science géré uniquement par des machines. Votre but : survivre aux tests sans cesse renouvelés et vous évader de ce complexe, quitte à s’échapper des salles de tests et d’explorer la superstructure de l’ensemble.

Le style graphique est à la fois sobre et efficace. On se ballade dans des décors épurés aux murs lisses, mais la moindre faille dans les plaques formant les pièces fait apparaître les cables, bras mécaniques articulés et autres éléments mécaniques du décors, tous animés, qui donnent la mesure de l’immensité du complexe.

Je ne dévoilerai pas plus l’intrigue, mais celle-ci est déroutante et parfois dérangeante, tout en gardant une certaine légèreté caustique. Les monologues constants des intelligences artificielles qui vous guident et vous accompagnent font partie intégrante du scénario et sont, il faut le souligner, d’excellente facture. A noter l’excellent doublage.

Au niveau de la jouabilité, on est en présence d’un « First-Person Casse-Tête ». Le principe est simple à la base : Vous êtes muni d’une « arme » permettant d’ouvrir deux portails dans les cloisons, qui communiquent chacun avec l’autre. A cela se rajouteront progressivement des plaques à pression avec des cubes, des boutons à activer, des rayons lasers avec des cubes-prismes, des enduits rebondissants, de vitesse ou permettant d’ouvrir des portails sur des surfaces neutres et enfin de rayons tracteurs.

Si l’utilisation des différents éléments est assez prenante, la combinaison de l’ensemble finira par donner des effets déroutants donnant du fil à retordre au cerveau le plus vif. Penser à asperger un cube avec du gel rebondissant pour qu’il passe à travers un portail, obstrue un laser qui déclenchera une autre réaction en chaîne confère de la folie légère, mais également de l’excellence du level design des programmeurs. Pourtant, aucun des pièges ne sera insurmontable et il faut à tout prix résister à la tentation de trouver les réponses sur le net. Au fond, aucune des énigmes n’est insurmontable, et la réponse est le plus souvent devant les yeux du joueur.

La campagne solo se boucle en 6-8 heures en fonction de vos capacités intellectuelles et de votre résistance à aller trouver les solutions sur Internet, mais cela ne s’arrête pas là.

La fin de la campagne solo, si elle n’est pas nécessaire pour avoir accès à la partie multijoueurs collaborative, fait directement suite à son scénario et sera d’une durée équivalente. Les joueurs auront à incarner deux robots de test qui ne sont pas sans rappeler les vieux Laurel et Hardy. Ici vous aurez droit à une série de salles complètements différentes, entièrement conçues pour deux joueurs.

Autant le jeu était prenant en solo, autant celui-ci devient carrément génial à deux, à la condition de pouvoir jouer avec un ami qui vous accompagnera tout le long de la campagne. Il vous faudra non seulement apprendre à jouer ensemble, mais à penser en collaboratif. Deux fois plus de portails, deux fois plus d’énigmes, le jeu ne fait que gagner en complexité, mais après tout, vous avez deux cerveaux pour les résoudre. Valve a eu également l’excellente idée de faciliter la communication entre joueurs par gestes, pointeurs pour montrer des éléments, des comptes à rebours pour synchroniser les actions.

Une fois de plus, le jeu fait montre de l’excellence du level design, avec, cerise sur le gâteau, des commentaires de l’intelligence artificielle humoristiques et particulièrement caustiques vous poussant à déclencher des accidents mortels à votre partenaire.

Bref, je vais arrêter là les superlatifs, on est en présence d’un chef d’oeuvre faisant appel à à vos neurones qu’à votre capacité à massacrer votre bouton de souris.

On peut toujours chercher des défauts (temps de chargements, moteur graphique dépassé), ou encore trouver le jeu trop court, mais quelque part, cette dernière impression provient surtout de l’excellence du titre : on en redemande, surtout au vu de la production actuelle, tendant avec des jeux de plus en plus simplifiés à transformer le joueur en patate mono-neuronale.

A noter qu’un DLC totalement gratuit sortira cet été, et qu’il proposera un mode challenge, et de nouveaux niveaux solo et multijoueurs.

Portal 2 / Valve / 2011

Notes

Graphismes / sons : 3/5 pour les graphismes et 5/5 pour le son

Interface de combat : N/A

Scénario : 4/5

Jouabilité / Fun : 5/5